Je ne suis pas tombé très loin. Dans un essai à paraître en septembre, j'écris que le tryptique qui résume le mieux le défi de l'Amérique en 2008 est Sécurité, Prospérité, Liberté. Le nouveau slogan de John McCain est Réforme, Prospérité, Paix.
Cela revient au même, je n'hésite pas à le dire, pour être fier d'avoir anticipé le cri de ralliement républicain... Plus sérieusement, cela illustre combien les Etats-Unis se trouvent à un moment important de leur histoire, où ils doivent, comme je l'ai déjà écrit, et comme je l'explique dans cet essai, réinventer un projet américain à la fois intérieur (un nouveau contrat social) et international (leur leadership, ruiné par Bush).
L'idée que je me fais de McCain est corroborée par ce genre de rapprochements. A mon panthéon des présidents américains trône Théodore Roosevelt.
"TR", comme disent les Américains, sut concilier un projet de cohésion
nationale par la régulation du capitalisme par l'Etat et la projection
de la puissance naissante des Etats-Unis, qui devait allier retenue et
affirmation de soi. TR fut le créateur du progressisme aux Etats-Unis,
ce qui le conduisit à rompre avec son parti, le parti républicain. Il
faut dire que ses idées sociales et économiques allaient être reprises
et développées en grand format par son petit cousin Franklin Delanoe Roosevelt, "FDR" dans l'historiographie américaine, qui était, lui, démocrate.
Bref, son slogan tout à fait rooseveltien résume le besoin de l'Amérique d'élire un chef qui ait de l'étoffe, soit capable d'écouter les autres et d'innover sans se soucier de la ligne du parti.
Tout le contraire de Bush, souligne Jonathan Martin sur CBS News, car McCain a inventé ce trytique en répondant tout de go à une question au cours d'un entretien, puis en a fait son slogan de campagne. Bush n'aurait pas eu le réflexe, dit Martin un peu méchamment - mais a-t-il tort?
"It's difficult to imagine President Bush making up something on the fly and then having his campaign make it the centerpiece of the campaign. They likely would have hatched a carefully thought-out and tested message and then had the candidate deliver it. But McCain truly does speak for his own campaign, and when he comes up with a quick and nifty line they just go with it."
Bien sûr, et c'est toute l'exception de cette élection, Obama répond aussi à cette aspiration à un homme au-dessus des clivages traditionnels. Mais le démocrate n'a pas encore son slogan choc, à part le respectable "Change We can Believe In", moins percutant.
Et puis, tout de même, Réforme, Prospérité, Paix, voilà un tryptique qui sonne bien français...
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