par Maelle, French lost in Chicago – jour 80
Le rêve ne s’envole pas encore, il reste suspendu, se met en place doucement malgré les bourrasques qui l’atteignent déjà.
Les jours qui suivirent l’élection furent ici paisibles, souriants, les gens n’en revenaient toujours pas. Notamment une Américaine avec qui j’ai beaucoup sympathisé depuis que je suis ici. E. a 31 ans, deux enfants, a arrêté son travail d'assistante d'édition pour le deuxième. C’est avec des larmes dans les yeux qu’elle m’a parlé 5 jours après de l’élection d’Obama. « Pour la première fois depuis que je suis en âge de voter, je suis fière de mon pays »me dit-elle avec la voix encore tremblante d'émotion. Elle ajoute « Tu te rends compte, après 8 ans de Bush, c’est aussi la première fois que je peux me dire que je suis politiquement du bon côté, je veux dire de ceux qui ont gagné ». Pour les gens de sa génération (la mienne donc) la symbolique est vraiment énorme, elle pleure encore juste à se remémorer la soirée du 4 novembre. Je réalise alors que ce que j’ai parfois lu dans les journaux est vrai : depuis plusieurs années, une certaine partie des Américains avaient honte de leur nationalité. E. me le redira elle-même : « franchement la politique étrangère de Bush, c’était une catastrophe ! En Europe, parfois on n'osait pas dire qu'on était américain. Maintenant, on a prouvé qu'on était capable du pire mais aussi du meilleur".
De façon plus générale, aux US, le temps de l’après-élection bat son plein, première interview pour Obama, premières nominations, premiers engagements et premières attaques. Lu hier dans le Red eye (journal de Chicago gratuit, équivalent de notre Métro) un article assez glaçant dans la campagne anti-Obama qui se met en place, des réactions violentes qui n’ont jamais été aussi nombreuses après une élection présidentielle. Vous me direz qu’elles sont à la proportion de l’événement ! Quelques exemples : dans l'Idaho, des enfants de 9 ans dans un bus scolaire chantant « Assassinate Obama », ou encore un bar dans le Maine organisant un pari sur la date à laquelle Obama serait assassiné, dates notées sur un tableau au dos duquel on pouvait lire « Espérons que quelqu’un gagne son pari ». Ambiance.
De son côté, Sarah Palin semble chercher à assurer son avenir politique : un mois après avoir traité Obama de terroriste, elle saluait son élection le 5 novembre, disant quel plaisir elle aurait de travailler avec lui s’il lui demandait… Je crains hélas que mes amis chicagoyens qui pensant ne plus entendre parler d’elle tellement elle était détestée (autant des démocrates que par nombre de républicains) se sont trompés ! Après tout, comme le disait Tina Fey (sa comique imitation, une vraie star ici) – elle n’a été qu’à un battement de cœur – soit celui connu pour être défaillant de Mc Cain – de la Présidence... normal qu'elle ait envie de transformer l’essai ! Palin avait raison de se comparer à un pittbull, elle en a la hargne, prête à tout pour servir son ambition. Elle n’a donc pas perdu son temps, présente dans les médias et son parti, laissant les rumeurs et spéculations gonfler autour de sa possible candidature en 2012 qu’elle n’a pas encore confirmée officiellement. Elle aurait tout de même expliqué dans cet excellent américain dont elle nous gratifie régulièrement qu’elle attendait avant de se présenter que « Dieu [lui] montre la porte »… De sortie ?
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